Source Esthéticienne.pro
Alors que l’inflation s’installe, les instituts et spas doivent adopter de nouveaux réflexes de gestion afin de préserver leur rentabilité.
Parmi les nombreuses prévisions sur « le monde d’après », personne n’avait prévu le retour de l’inflation – un mot disparu de notre vocabulaire depuis trente ans. Au printemps 2022, voici que l’emballement des étiquettes redevient le premier sujet de préoccupation des français. En mars, l’indice des prix a atteint le record de + 4.5 % sur une année glissante, selon le dernier rapport de l’INSEE. Chacun comprend que les hausses attribuées à la reprise post covid vont durer plus longtemps que prévu – sous l’effet, notamment, de la guerre en Ukraine.
Flambée de l’énergie, loyers en hausse, fournitures plus chères : pour les instituts de beauté et spas, toutes les dépenses courantes sont dans le rouge. Les rémunérations des salariés, qui représentent couramment la moitié des charges, s’apprêtent à une nouvelle revalorisation.
L’inflation est un phénomène inédit pour la plupart des esthéticiennes en exercice. Nez sur le guidon de la reprise post covid, beaucoup de professionnels n’ont pas encore intégré ce nouveau paramètre pour piloter leur activité. Or, l’inflation n’est pas un concept théorique. C’est une réalité qui impacte directement votre marge, et donc votre rentabilité. Comment s’adapter pour tirer votre épingle du jeu ? Voici cinq conseils pour gérer un institut de beauté en période d’inflation.
Sommaire
1- Evaluer votre situation
Tous les établissements ne sont pas exposés de la même manière à l’inflation. Prenons l’hypothèse d’un institut qui aurait 8000 euros de charges courantes par mois. Avec une inflation moyenne à 5 %, les dépenses augmentent mécaniquement de 4800 euros en un an. Pour un établissement plus important, qui emploie des salariés et dont les charges mensuelles s’élèvent à 15 000 euros par mois, la hausse à financer est de 9000 euros. Mais s’il s’agit d’un spa dont l’exploitation est gourmande en énergie (chauffage, eau chaude, hammam etc.), la facture pourrait être bien plus salée. Idem pour les esthéticiennes à domicile, dont les frais de déplacements ont explosé avec le prix du litre de carburant.
La première mesure à prendre est donc d’évaluer l’impact de l’inflation sur votre propre activité.
Ce bilan vous permettra de chiffrer le manque à gagner et d’engager les bonnes décisions : augmenter vos prix, réduire les coûts qui ont glissé, ou, dans les cas les plus extrêmes, repenser votre activité.
2- Assumer des hausses de tarifs
Nouvelle saison, nouvelle carte… et nouveaux prix. Cette année, impossible de tergiverser : vous devez augmenter vos tarifs d’au moins 5 % pour amortir l’inflation moyenne. Vous perdrez peut être quelques clientes. Mais éviterez de terminer l’année épuisée avec un bilan en perte.
Pour que cette augmentation soit (mieux) acceptée par votre clientèle, respectez quelques principes. Recalculez vos prix en appliquant un coefficient multiplicateur moyen de 1.05 (par exemple : 15 euros x 1.05 = 15.75 euros). Si vous n’avez pas réajusté du tout vos tarif en 2021, le coefficient à appliquer est plutôt de 1.076.
Evitez les prix « ronds » : un prix qui passe de 15 euros à 15.75 euros passera mieux qu’un prix qui bondit à 16 euros. Vos clientes constateront que votre augmentation est calculée au plus juste et trouveront moins à redire.
Pour finir, annoncez l’arrivée de votre nouveau tarif avec sérénité, sans dramatiser ni vous justifier. Idéalement, vous profiterez de l’entrée en saison pour annoncer vos nouveautés, les changements d’horaires, les nouveaux prix etc.
3- Recentrer l’activité
Avec le retour de l’inflation, les services qui n’étaient pas très rentables peuvent devenir des activités à perte. Autrement dit, plus vous effectuez ces prestations, plus vous perdez de l’argent. Il est donc important de les identifier.
Si vous ne connaissez pas vos prix de revient, c’est le moment de vous pencher sur la question – en vous faisant aider, éventuellement, par votre expert comptable. Pensez au temps passé (main d’œuvre), au coût en énergie, en eau, en fournitures et en consommation produits. L’objectif est de recentrer votre activité sur les prestations véritablement rentables.
Si vous exercez une activité à domicile, la problématique sera double. En plus d’éliminer les soins à marge faible ou négative, vous devez également recentrer votre activité sur une zone géographique rentable compte tenu de l’explosion des coûts de déplacement. Vous devrez également regrouper vos rendez-vous et peut être même abandonner (ou refuser) des clientes trop excentrées par rapport à la zone d’intervention que vous aurez fixée.
4- Rentabiliser le mètre carré
Principal poste de coût d’un institut de beauté hors rémunération, le loyer n’est pas épargné par l’inflation. Déjà au cours des dernières années, les baux commerciaux avaient atteint des sommets. Plus que jamais désormais, chaque mètre carré doit donc être utilisé (et rentabilisé) au maximum.
Vos cabines sont-elles occupées toute la semaine ? Si la réponse est non, pourquoi ne pas partager vos coûts d’exploitation en sous louant un espace dans votre institut à un free-lance ? Il existe désormais des applications de mise en relation qui s’occupent de tout, comme Chairloc.fr.
Autre piste : proposer des prestations mains libres dans les espaces sous employés. Solarium, forme, minceur, relaxation… : les idées ne manquent pas pour valoriser les espaces « morts ».
5- Faire la chasse au gaspi
Les instituts de beauté et les spas exploitent des activités naturellement énergivores, à commencer par le maintien obligatoire d’une température de confort dans les espaces de soin. Dans les régions froides, les besoins en chauffage sont plus conséquents et peuvent s’étaler sur une grande partie de l’année. A l’inverse, dans le sud de la France, la climatisation peut s’avérer indispensable dès les beaux jours pour respecter la conservation des cosmétiques ou le fonctionnement de la cire.
Lorsque le coût de l’énergie s’emballe, il peut être judicieux d’effectuer un bilan énergétique de votre installation (isolation, chauffage). Si vous vous installez, exigez le avant de signer un bail afin d’évaluer vos futures charges. En plus d’être néfastes pour l’environnement, les passoires thermiques deviennent des gouffres financiers. Abaisser un plafond, poser une isolation intérieure ou changer le mode de chauffage peuvent s’avérer des solutions vite rentabilisées. Renseignez-vous : il existe de nombreux dispositifs d’aide proposés au plan local (région).
Par ailleurs, de nombreuses prestations esthétiques requièrent l’usage d’appareils électriques dont la consommation n’est pas négligeable. Savez-vous qu’un chauffe-cire est une pure résistance électrique qui consomme en moyenne 150 watts ? Penser à mettre des programmateurs sur ces appareils, pour éviter qu’ils ne fonctionnent toute la nuit et le week-end, fait partie des nouveaux réflexes anti gaspi à adopter.
Autre équipement à surveiller : le cumulus (eau chaude), qui représente la moitié de la facture d’électricité – voire, nettement plus dans un spa. Là aussi, un équipement vieillissant, mal isolé ou non programmé sur les heures creuses sera beaucoup plus gourmand en énergie. L’installation d’un réducteur de débit ou d’un bouton poussoir sur une douche permet également des économies substantielles.
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